Les Ouvertures sont

tabs

 

Entre la conférence et la confidence, Jacques Rebotier entraine le public dans l'absurde.
 

Pièce issue du livre Le dos de la langue, Edition Gallimard, 2000

 

 

« Théâtre de chambre, concert-parole…`

 

Bon, tenter la remontée aux hautes sources du plateau, qui est le corps, et au corps du corps, qui est la voix.

Un petit voyage intérieur, à l’intérieur de la parole, et de sa fabrique.

Zoomer donc de l’espace à l’acteur, cadrer sur son corps, mieux : sa bouche. Voilà, rester là, la bouche, et ce qui en sort, le fil de la voix, la mécanique du souffle, tentative pour entrer dans cette usine-là par cette ouverture-là : la bouche.
Connecter sur spectateurs, très exactement leurs oreilles.

 

Pas bouger. S’efforcer d’attirer les oreilles sur le plateau, par aimantation, voir carmen, charme, incantation. Y-a-t-il encore place pour les oreilles ?
Pour un théâtre de la bouche, voire des lèvres, rideau des lèvres ; murs, mer, murmures.

Faire éloge de la pensée et de son libre fil. Montrer la pensée par vagues successives.
Entrer dans sa vraie logique qui est aussi celle du son, de la couleur, et des rêves. Mettre ça à voix haute, enfin pas trop, non. Pas détruire jolies volutes bleues. Non-non.  
»

 

Jacques Rebotier - décembre 2001

 

Extrait de la pièce

 ll y a aussi des ouvertures dans les autos, les bateaux, les avions. En avion elles sont généralement fermées. Un vélo n'a que des ouvertures et pas de fermetures.
 
 
A vélo, on peut presque rouler sur une frontière, sans appartenir à aucun pays Chez les Grecs, l'ombilic de la terre est la passe des enfers, l'entrée, ou la sortie du séjour des ombres, le centre du monde.

Aujourd'hui, dans les trains, il n'y plus d'ouvertures, il n'y a que des fermetures. (Lorsqu'ils sont en service.) Dans les trains, les fenêtres ont été, sont, remplacées par des vitres.

Plus un train, un avion, va vite, et moins il est ouvert.

Il existait de nombreux centres du monde. Aujourd'hui, charnière du vingtième et du vingt-et-unième siècle, on observe dans les villes de nombreux bâtiments transparents de fenêtres, de portes, et de murs.
L'existence généralisée de larges portes vitrées régulièrement fermées semble être la caractéristique de notre époque.

Attention, sécurité!

On pourrait ainsi aisément montrer la corrélation profonde entre les humains et les papillons.

Une charnière est une frontière capable d'articulation.

De Saarbrück à Forbach le charbon s'étend sous la terre, galeries, voies ferrées, un kilomètre plus bas des mineurs en chariot traversent la frontière, ils ont leur propre douane.

Un charnier porte souvent la marque étroite de l'invisibilité.

Aujourd'hui, 6 mars, nous roulons en automobile, nous roulons sur des mineurs.

Chaque jour un grand nombre de vers de terre passent également la frontière, sans aucun contrôle. Un grand nombre de vers de terre passent quotidiennement la frontière, en toute illégalité.

Les filons de houille ne reconnaissent pas les pays. Les filons de houille ignorent la douane. La douane en revanche cherche, cherchait, à voir la houille. Dans les systèmes de pensées, les pensées sont fermées avec système.

Dans une école, dans une classe d'école, il y a au moins une porte et au moins une fenêtre. On entre et on sort pratiquement toujours par la porte.

Les hommes s'essayent à fermer les inévitables ouvertures dans les systèmes de pensée, mais il n'y arrivent pas vraiment. On parle alors souvent de… théorie.

Pas vraiment, vraiment pas.

Citez ce qui jouit de la plus libre circulation : les marchandises, les idées, l’argent, le sable, les gens. Classez-les dans l’ordre.

Une théorie est également une procession. Dans les théories, les pensées font une procession, et se serrent les unes derrière les autres pour laisser entrer le moins d'air possible.

Dans une maison, il est très difficile d'éviter toute espèce de courant d'air, surtout si l'on souhaite une circulation, ou un renouvellement, de l'air.

On peut également fermer hermétiquement un corps, mais ce n'est pas souhaitable.

Un corps hermétiquement fermé cesse très vite d'être un corps.

Dans une maison, dans une chambre, dans un corps, il est très difficile d'obturer avec perfection toute ouverture, surtout si l'on souhaite respirer.

Lorsqu'on pense à son silence, il se tait soudainement. .../...

presse

Le Monde « Une désaccoutumance de l'universel péremptoire. » Jean-Louis PERRIER

 

Libération  « Le Rebotier s'apprend vite, c'est une langue où l'homme n'a pas d'h et où dieu se dit vieux. » René SOLIS

 

Libération  « Ces propos dont la drôlerie ouvre des gouffres de réflexions, ne passent pas la rampe en toute tranquilité. » Alain DREYFUS (17 janvier 2002) Lire l'article complet >

 

La Terrasse : « La poésie est une façon d'approcher les mécanismes très intimes du cerveau » Gwénola DAVID (3 mai 2007) Lire l'article complet >

 

Visioscène : « Cette quête de vérité est portée par un duo de comédiens complices, synchronisés à la perfection, parce que le langage est une mécanique de précision. » R.V (11 mai 2007)

 

RUEDUTHEATRE : : « Les deux comédiens se complètent à merveille, la beauté d'Océane Mozas à l'humour d'Eric Frey. Leurs voix magnifient la musicalité, et ils donnent une vraie vie au texte, le rythme ondule et jamais le spectateur ne décroche. » Laure Dubois (15 mai 2007) Lire l'article complet >

 

Les Inrockuptibles : « Ici, l'herbe est plus verte, et le verbe ô combien plus alerte : voilà une évidence à laquelle, frétillant de concert, tympans et neurones se rendent dès les premiers mots et dont ils ne voudraient pour rien au monde démordre quand, une heure plus tard, se taisent les acteurs et s'éteint la lumière. » Jérôme Provençal (29 mai 2007)

 

Froggy's delight : « Les ouvertures sont, spectacle au "double effet kisscool", est une gourmandise intellectuelle à déguster sans modération. Avec humour et gravité, la saveur et la musicalité de la langue enrobent l'intelligence du propos. » (14 mai 2007)

 

Théâtre Online.com : Coup de cœur « Une sorte de conférence, ou de confidence. Juste le va-et-vient fascinant d'une pensée qui arrive par vagues calmes et irrégulières, qui entraîne dans le mouvement d'une logique poussée jusqu'à son point limite : l'absurde. Naturellement, de Jacques Rebotier, on ne peut guère attendre un cartésianisme radical. Il s'ébroue dans l'irrationnel avec l'aisance un enfant malin, capable d'inventer plus, pus vite et plus fort que le plus sérieux des surréalistes. » Lire l'article complet >

Création 2002 Théâtre Nanterre-Amandiers

distribution

Mis en scène
Jacques Rebotier
Lumière
Bertrand Couderc
Son
Bernard Valléry
Séverine Krouch
Conseil Costumes
Pauline Famelart
Régie générale
Olivier Even
Régie lumière
Antoine Seigneur-Guerrini
Régie son
Frédéric Rui
Interprètes
Eric Frey
Océanne Mozas

production

Production la compagnie voQue et la compagnie Eldorado au Théâtre des Amandiers-Nanterre

tournée

09 Septembre 2004 - 25 Septembre 2004
La Chartreuse - Villeneuve-lez-Avignon
12 Janvier 2002 - 17 Février 2002
Théâtre Nanterre-Amandiers
Université Paul Valéry - Montpellier
Maison de la Poésie - Paris