Vengeance tardive

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Suite à une commande du Théâtre National de Strasbourg, Jacques Rebotier présente Vengeance tardive, troisième volet d'une trilogie : Réponse à la question suivante et La vie est courbe. Son inspiration puise dans le quotidien, déclarations d'amour, scènes de ménage, conversations de café, diverses tentatives d'incommunication et délires réglementaires, panneaux de circulation, consignes de sécurité, Code civil, ... 

Pièce issue du livre Vengeance tardive, édition Les solitaires intempestifs, 2001

Vengeance tardive 

est dédié :

 

aux voyelles et aux consonnes, voyelles, consonnes...

aux mauvaises traductions

aux vrais faux amis

à la micro-langue, personnages-phonèmes courant nos lèvres et nos dents

à la scène qui est bouche

au théâtre de gosier

à la macro-langue, qui est le bruit de fond de notre langue de fond,

paroles rencontrées dans les rues, rumeurs des cafés

ressac continué dans nos têtes

aux formes floues du trop près

aux formes folles du trop vite, du trop loin

au changement de l'échelle

aux cages

au début du monde

à la bourse, à la presse, au CAC 40, aux sit-coms,

aux sondages d'opinion

à la météo

aux langues non plus même des bois agglomérées,

contreplaquées, mélaminées,

particules à formica

à la télé-vision, qui est la vision de très, très, 

tellement loin

à la satis-faction par la saturation, direct

à notre bonne mauvaise conscience devant les corps carboniques, les cris, les crânes sur écrans,

si légèrement différés

à nos alarmes de crocodile

à la magie des images, qui nous effacent

aux phares sur l'autoroute, qui nous laisse sans vue

à notre gomme à hommes

à notre téléculpabilité

aux minutes de silence, très fixement observées, pour voir si bougent encore

à notre impuissance narcissique

à nos mobilisations immobiles

aux corps

à la vertu, contre le virtuel

à notre corps intérieur, tortueux, bruissant, intestin

à la face interne de la peau, à son infinie surface

démultipliée

au monde vu de l'autre côté du monde, au monde du début.

à la terre, qui est notre boulet

à l'infiniment grand, à l'infini petit, mais pas nos petites vies, par la psychologie

au big bang, au big crash,

aux laps d'espace

aux temps

aux lapsi oculi, auriculi, calami, linguae, cerebri

(Un temps.)

au mot vendange, qui voulait aussi dire au douzième siècle : ravage, pillage, et massacre.

 

Jacques Rebotier

 

presse

Le Monde « Ses acteurs, bien unis, dans le genre individus pas entièrement remis d'avoir échappé à un institut de sondage, font tous leurs bruits en direct avec un naturel bien partagé. » Jean-Louis Perrier (10 juin 1998) Lire l'article complet

 

Libération « Deux ans après la création de la pièce, les -excellents- comédiens du TNS reprennent cette Vengeance tardive, occasion à ne pas manquer d'appréhender l'univers de Jacques Rebotier, poète, musicien et auteur, grand amoureux des mots, donc de leur dislocation. » René SOLIS (23 mai 1996) Lire l'article complet

 

Télérama « Jacques Rebotier n'aime pas notre époque. Dans Vengeance tardive, cinquième spectacle qu'il a écrit et mis en scène, il lui règle son compte avec superbe. D'une plume alerte, il fait se télescoper déclarations d'amour, proverbes détournés, questionnaires et coupures de presse. L'écriture rythmée et obsessionnelle de ce poète-compositeur est marquée par la musique contemporaine. Secouée, tordue dans tous les sens, enrichie de vocables nouveaux, la langue française semble, grâce au traitement de choc qu'il lui fait subir, se remettre à respirer. En un temps où elle croule sous les abus de mots techniques et les anglicismes, la venue d'un auteur qui lui redonne son génie a quelque chose de réjouissant. » Joshka SCHIDLOW  (22 mai 1996) Lire l'article complet

 

L'Express  « Jacques Rebotier s'avère un redoutable organisateur de fuites : fuites de mots, fuites de sens, soudures au petit bonheur dans un monde où " tout peut être échangé mais [où] rien ne peut être changé »

[...] «Rebotier insuffle des mots dans le gaz, fait péter la baraque syntaxique et observe les retombées.» L.L. (juin 1998) Lire l'article complet

 

Le Monde / Aden « La langue, chez Jacques Rebotier, aurait tendance à se parler toute seule, comme si elle avait pris tout un coup son indépendance. En fait, il n'en est pas tout à fait ainsi. C'est par son aptitude à se laisser traverser par les mots, à les capter un peu partout, que Rebotier toujours, en éveil, entre en contact avec ce qu'il appelle le "bruit de fond de notre langue, / paroles rencontrées dans les rues, rumeurs des cafés / ressac continuité dans nos têtes. »  

 

France Inter « Fait rare, surtout de nos jours, Jacques Rebotier allie avant-garde et engagement. Salutaire alliance entre une recherche qui n'est pas gratuite, purement esthétique, et un engagement qui est une sorte d'appel à la résistance. Soyons des rocs - nous dit Jacques Rebotier - des rochers dans le flux des images, des monnaies, des informations.

Il saisit les flux verbaux de cette société (infos, pubs, sitcoms, sondages, bourse, météo) ces flots verbeux, cette espèce d'hémoragie de la pensée moderne il la saisit, la détourne et la casse.  

Puis il en fait un puzzle polyphonique avec leitmotiv, contrepoint et fugue. »  Jean-Marc STRICKER

 

Libération « Le désordre des langages n'est-il pas un miroir au désordre singulier du monde ? C'est l'idée du spectacle écrit et mis en scène par Jacques Rebotier. » 

 

Nanterre info « Des mots, les mots du quotidien, les mots de tout le monde, telle est la matière première qu'utilise Jacques Rebotier, poète et auteur dramatique. Cet homme de plateau, et de langage joue avec l'idée que "le désordre des langages offre un miroir au désordre singulier du monde." Par ses collages, ses montages bruts de mots, il tente de saisir les moindres flexions, inflexions et intonations de la langue de tous les jours. Ses partitions de paroles où différents types de langages se côtoient et s'entrechoquent révèlent les mécanimses poétiques. » 

 

Le Monde / Aden « "Zappons-nous" s'écrient tout à coup les personnages de la pièce. Trop tard, le mal est fait. Avec Vengeance tardive, Jacques Rebotier nous plonge dans le tourbillon suractivé du virtuel et de son instrument privilégié, la télévision. Sautant d'un niveau de langage à un autre avec une désopilante virtuosité, il détourne codes et règles et dévoie au passage la plate rhétorique des questionnaires d'opinion en un éblouissant feu d'artifice verbal. Il y a du Rabelais chez Rebotier, comme en témoigne l'échange effréné de noms d'oiseaux auquel se livre Brett et Cindy, allias Elle et Lui, héros probables de nos sitcoms préférés. Mené à un rythme d'enfer, ce spectacle nous emporte de bout en bout par sa légèreté et son humour virevoltant. »  

 

Pariscope « Une farce tragique... ou une tragédie farcie. Jacques Rebotier brasse le quotidien et fait vendage de tout, mais "vendange" comme il le rappelle, voulait dire, au XIIe siècle, ravage, pillage, massacre. 6 personnages et autant de récits virtuoses pour saisir l'impertinente et loufoque rumeur du monde. » 

 

Hebdoscope « Il y a chez Jacques Rebotier, une pensée "têtue" qui nous dit souvent avec poésie, parfois avec réalisme, la connerie dans laquelle nous sommes immergés, dans laquelle nous nous immergeons grâce à la "télé-vision".» Françis GRISLIN (mai 1996) Lire l'article complet

 

Repères Strasbourg « Résultat : un délire d'images sonores aux accents dadaïstes et oulipiens, qui étourdit le spectateur par sa virtuosité souvent hilarante et laisse voir derrière le palimpseste et la déconstruction systématique du langage comme une solitude des corps et l'effrayant silence du désespoir. » I.D (mai 1996) Lire l'article complet

 

pro

Création 1996 Théâtre National de Strasbourg

distribution

Texte et mise en scène
Jacques Rebotier
Assistant mise en scène
Isabelle Aspar
Décors et costumes
Virginie Rochetti
Lumière
Jean Vallet
Bruit
Nicolas Becker
Assia Dnednia Walker
Son
Alain Gravier
Avec
Jean-Claude Bolle-Rédat
Assia Dnednia Walker
Alain Fromager
Stephan Kosiak
Sylvie Milhaud
Jean-François Perrier

production

compagnie voQue
Production du Théâtre National de Strasbourg

tournée

26 Mai 1998 - 14 Juin 1998
Théâtre Nanterre-Amandiers
09 Mai 1996 - 01 Juin 1996
Théâtre National de Strasbourg