La vie est courbe

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Suite à une commande du Théâtre National de Strasbourg, Jacques Rebotier présente La vies est courbe, deuxième volet d'une trilogie : Réponse à la question suivante et Vengeance tardive

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Libération :  A la première seconde, quand il dit : "La derniere fois que je me suis vu comme ça, j'y ai pas cru…" - et que le rideau à peine ouvert sa voix continue comme si elle marmonait depuis des heures - "… Je me suis dit pas possible, c'est moi, ça c'est ça?" On ne résiste pas au rire. Irrésistible est la vision de l'antique baignoire à hauts pieds de laquelle juste sa tête dépasse: un visage de profil un peu désabusé, des lèvres minces légèrement tombantes et ce regard un brin éteint qu'il affecte.
Et les mots continuent de s'échapper. Ce type là est là, dans son bain, il nous dit qu'il a 40 ans et des poussières et que ces poussières-là lui donnent le vertige. Ce type-là, c'est l'acteur Bernard Menez, échalas réputé pour jouer à la perfection les rôles de niais et de niqués des pièces de boulevard tel Duos sur canapés, mais on l'a vu aussi faire le pensionnaire à la Comédie Française dans un Feydeau monté par Jean-Christophe Averty.
L'auteur qui se cache derrière ce robinet à textes, c'est le flux fait homme. JacquesRebotier, connu comme as du parler sans début ni fin et qui avoue que l'autre lui-même qui tranquillement savonne ses bras pourrait être cyclothymique, amer, tendre, confus: " Toujours comme quelqu'un qui aurait perdu son chemin dans la rue. "
Et qui, en attendant, pendant que l'eau du bain refroidit, vous interpelle en vous balançant des paroles liquides, des pensées flottantes ("à l'exception de quelques passages où elles s'organisent, généralement par emballement" ). Une logorrhée en forme forcément sinueuse d'essai de transcription du film intérieur de la pensée. Cela dure une heure et dix minutes, et s'intitule La vie est courbe.
A mi-parcours, Jacques Rebotier (qui signe aussi la mise en scène) fait rajouter un peu d'eau chaude par l'acteur. Splatch, splatch, fait Bernard Menez. Sous la baignoire, il y a un caillebotis derrière les lambris. Il y a aussi une femme que l'on ne voit pas mais elle se pointera au moment du salut, pour lui shampouiner le ciboulot et tendre un peignoir, quand, au bout de son débit très bien calculé, la baignoire commence à déborder.
Cet éloge de l'inexistentiel, et du blues soluble dans l'eau tiède, est au sens propre une performance. Et, au jeu des associations (d'idées), le pince-sans-rire Rebotier est comme un poisson, dans l'eau. Tout comme son interprète. Sauf que les poissons sont muets, eux." M.L.B.

 

Télérama : "Nu dans sa baignoire, un homme sans qualité, sans avenir et sans passé, égrène les contradictions de la vie, les paradoxes du langage et les vertiges de son incompressible solitude, de sa désespérante indifférence au monde et à lui-même... C'est drôle, si drôle et tellement triste; surtout quand l'impassible et pathétique Bernard Menez chuchote son monologue désabusé en faisant tout ensemble rêver à Dubillard, Queneau et Beckett. Un artiste virtuose dans un texte virtuose qui met en fines dentelles le vide fascinant de nos vies."

 

Ouest-France : " Pour une surprise, c'est une surprise ! Étonnant Bernard Menez, habitué des boulevards et vaudevilles, parfois pris en flagrant délit de mauvais feuilleton. Le voici admirable, grand comédien dans le nouveau spectacle de Jacques Rebotier, La vie est courbe : monologue où tout est dit sur la jouissance qu'on peut avoir à se confondre avec l'inexistence, le vide, le rien...
Une heure durant, le héros barbote dans une baignoire, heureux, dans son élément : une "île d'eau" confortable, douillette, qui le protège des cataclysmes extérieurs, des émotions, des opinions. Il se liquéfie avec délectation, en exprimant des idées "flottantes" - comme le canard avec lequel il joue - aussi glissantes qu'une savonnette : " Très tôt, j'ai manifesté une aptitude à l'inexistence. N'oublie pas ton écharpe transparente, disait maman... Vers 18 ans, je tendis vers le nul. Ne pas faire de vagues, ne pas avoir d'opinions..."
Une vie plus plate que courbe. A-t-il même une vie, cet homme ? Chez lui, la naissance et la mort semblent se confondre. En tout cas, il n'avance ni ne recule, il stationne. "Dessus on stationne un moment, dessous on s'installe tranquillement", fait dire Jacques Rebotier à Bernard Menez, qui donne au vide qu'il incarne une sacrée densité !
On rit, niais les mots sont cruels, terribles. En réalité. le spectacle est tellement efficace qu'il en devient inquiétant, voire effrayant. Il renvoie le spectateur à son miroir: et si c'était moi ?" Pierre Gilles

 

Ouest France "Bernard Ménez, dirigé par Jacques Rebotier, il est un acteur admirable, émouvant, et donne au vide qu'il incarne une...sacrée densité !" PIerre Gilles (23/11/1994) Lire l'article complet

 

Le Courrier " Le texte va vite, presque trop vite pour en savourer toutes les subtiles raisonnances, les subites résonnances, les subaquatiques échos." S.P (3/12/1994) Lire l'article complet

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