Contre les bêtes

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" Elles ont qu'à s'adapter. Elles sont pas très flexibles, je trouve, les lucioles, c'est tous des assistés. Les lucioles servent à rien, les lucioles foutent rien, les lucioles sont des planquées, elles pensent rien qu'à baiser, elles pensent qu'à bouffer. Vers luisants, pareil. Ils comptent un peu trop sur l'univers-providence, je dis. Les lucioles et les vers luisants, c'est pas des gagnants ! " Jacques Rebotier

 

Un omme appelle à faire disparaître de la surface de la terre ces 6 millions 800 000 autres espèces qui nous encombrent, et vite ! Allez Fifi, fissa ! Sous la forme d’un drôle de réquisitoire rageur, poétique et … rieur.

 

ExtraitBrebis, je suis votre acteur, je suis votre pasteur. Je protègerai les vaches et les moutons du germe du loup, du renard-et-la-belette, des Germains ! Pour vous, nous édifions un rempart de barbelés, au service du tout santé, toute sécurité, et contre dent amère du loup. Hou ! On vous parque dans les parcs, mais c’est pour vous préserver. Les champs étaient trop grands…Les camps, même d’extermination, vous sauveront de l’extermination. Oui, vous pouvez nous remercier de vous sauver de votre liberté. 

(...)
Pourtant j’aimais bien la nuit…
J’aimais bien les lucioles. Nuit noire, petites étoiles traçantes, les vols nuptiaux des lucioles…
J’ai éclairé tout ça. Passer leurs nuits à forniquer dans l’obscurité immense des back-rooms ! Tiens : mirador, lumière, partout, full ! On les paye quand même pas pour se payer toute la nuit des partouses géantes, non !? J’ai su arrêter ça.
Maintenant elles se cherchent, mais elles ont arrêté de se trouver, les lucioles. Les lucioles sont en voie d’extinction, parce que j’ai éclairé ! Et voilà le travail.

Elles ont qu’à s’adapter. Elles sont pas très flexibles, je trouve, les lucioles, c’est tous des assistés. Les lucioles servent à rien, les lucioles foutent rien, les lucioles sont des planquées, elles pensent rien qu’à baiser, elles pensent qu’à bouffer. Vers luisants, pareil.
Ils comptent un peu trop sur l’univers-providence, je dis. Les lucioles et les vers luisants: c’est pas des gagnants.

Au loin : Allô ici Lucie je vois plus rien parce que j’y vois trop je vois plus rien j’y vois… (perdu dans le lointain).

« Restez groupés ! Regardez bien ce que vous regardez ! Croyez, et vous verrez ! »

Avant, j’aimais pas trop l'idée de gagnant, parce que ça crée des perdants. Et que ça fabrique du malheur.
Maintenant j’adore l'idée de gagneurs (d’ailleurs ça fait un malheur). Parce que ça crée de la peur.

Et avec quoi on pourrait être heureux, je vous demande, s’il y en a pas des autres qui sont malheureux ?
Je vous le demande, un peu.

 

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ISBN 978-2-36012-027-7

 

Ce livre fait l'objet d'une lecture-performance par l'auteur, en salle ou en extérieur.

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presse

Revue Esprit

sa principale qualité est l’humour, un humour froid, impassible, à la Buster Keaton. Rebotier, en cela, occupe un barreau de l’échelle humoristique, si spécifique à la poésie de langue française de la fin du xxe siècle, à équidistance de Jean-Pierre Verheggen et de Valère Novarina. Du premier, il possède l’esprit de dérision et de critique politique. Du second, le pouvoir de désordre et d’invention onomastique. L’ouvrage dans lequel il opère la parfaite synthèse des deux nous semble être son « pamphlet » Contre les bêtes" Jacques Darras

iogazette.fr

" Difficile de reprendre le texte de Rebotier ; sa langue qui s'enroule, se déroule, se déploie à l'infini tout en investissant les moindres méandres des mots et de l'imagination propre à leur entrechoquement. Lire la suite > " Lola Salem

édition la ville brûle - 2012