Tu dis ?
PCM Bla∫t est un trio émanant du collectif Muzzix, qui tantôt prend la forme d’une fanfare de chambre, tantôt celle d’une chorale de poche. Pour ce concert-rencontre inédit à La rose des vents, les musiciens Samuel Carpentier (trombone), Maxime Morel (tuba) et Christian Pruvost (trompette) se frottent à l’écriture du compositeur, comédien et poète Jacques Rebotier, en travaillant sur les "brèves".
Les Brèves pour musiciens-parlants sont un projet que Jacques Rebotier mène depuis 25 ans autour de ces partitions de parole qui placent les musiciens en situation d’acteur. L’occasion de croiser trois univers : musique contemporaine, improvisée et théâtre !
INTERVIEW DE MAXIME MOREL
musicien du collectif Muzzix, tubiste au sein du trio PCM Bla∫t, à propos du projet avec Jacques Rebotier.
Qu’est-ce que PCM Bla∫t ?
PCM Bla∫t est un trio de cuivres. On s’est rencontrés sur les bancs de l’orchestre d’improvisation La Pieuvre et nous avons décidé de monter un projet à trois. Le trio prend la forme d’une fanfare de poche, d’une chorale de chambre. L’idée est de travailler sur des pièces personnelles comme des compositions de Christian par exemple, mais aussi des retranscriptions de pièces de Mahler, des compositions qui existent pour les cuivres. Il y a aussi des pièces de compositeurs qui n’ont pas écrit pour cuivres mais pour lesquelles nous exploitons les instruments d’une manière différente. Partir d’une tradition, l’exploser, la contourner... On trouve des moyens de transformer les sons des instruments. Le trio permet l’approche de la musique de chambre où il n’y a pas d’amplification. C’est une musique généreuse qui sait alterner puissance et intimisme.
Qui est à l’origine de ce projet qui réunit le trio PCM Bla∫t et Jacques Rebotier ?
Je travaille avec Jacques Rebotier depuis 2011. J’interviens régulièrement dans ses concerts-paroles sur des « Brèves » au tuba, au trombone-contrebasse ou au cor des Alpes. J’avais d’ailleurs joué la brève « Pourquoi tu m’aimes plus ? » à La rose des vents lors d’une carte blanche à Muzzix en février 2013. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire avec PCM Bla∫t et le travail de Jacques Rebotier, réunir ces deux univers, d’autant plus qu'il a écrit beaucoup de Brèves pour cuivres et qu’il développe lui-même un travail avec des improvisateurs. Sans oublier qu’il improvise lui-même.
Qu’est-ce qu’une "Brève" ?
Ce sont des pièces qui ne durent pas plus de 5 minutes. Des sortes de fulgurances. Une idée qui est mise en oeuvre très rapidement, très efficacement, sur un format court, paroles et musique. Jacques Rebotier en a écrit plus d’une centaine. Les Brèves sont écrites pour des instruments conventionnels comme le piano ou le cor mais aussi pour d’autres plus étonnants comme la trompette marine. Il y a aussi des brèves pour étui d’instrument, atomiseur, vuvuzela ou langue de belle mère....
Pouvez-vous nous en dire plus sur Jacques Rebotier ?
Jacques Rebotier traverse tous les domaines, il est compositeur, poète, écrivain, comédien. Les Brèves qu’il écrit exploitent beaucoup la musicalité d’une conversation et les différentes manières de dire une phrase. Les intonations, les appuis, les moments où l’on attend dans une phrase etc… tout cela a des répercutions sur le sens. Son oeuvre est très riche, il a une perspicacité et un sens aigu de l’observation. Il aime dénoncer, remettre en question. Son propos est engagé.
Que va retrouver le public dans ce spectacle ?
Ce sera vraiment une rencontre entre les univers de PCM Bla∫t et de Jacques Rebotier. L’idée est de travailler sur les Brèves existantes et d’exploiter les qualités d’improvisateur des quatre artistes.
Pourquoi est-ce intéressant de travailler sur une oeuvre de et avec Jacques Rebotier ?
Les Brèves mettent le musicien dans la situation peu commune de devoir dire du texte en jouant. Le musicien travaille la façon de dire le texte, y cherche la musicalité. En tant que musicien cela permet de nourrir sa propre pratique. Les Brèves ont aussi différents niveaux de lecture, ce qui les rend encore plus intéressantes. Elles sont drôles au premier abord et se révèlent au final plus profondes et complexes qu’au premier coup d’oeil. Il y a un propos musical et un texte à plusieurs sens, c’est au public de le trouver. Chacun se raconte son histoire et fait son chemin avec ce qu’il a vu et entendu.