LE MONDE : Le tandem Rebotier-Tharaud ou l'insolite au carré

Aux 38ème Rugissants de Grenoble, la folle rencontre d’un poète musicien et d’un pianiste performeur.

 

 

L’ouverture du festival 38ème Rugissants n’aura pas failli à sa réputation qui convoque pour cette 21ème édition le « sens et son », autrement dit, tout ce qui existe entre le verbe et le silence. Excusez du peu. Démarrage avec L’Oreille droite, un spectacle du poète, homme de théâtre et compositeur Jacques Rebotier, avec Alexandre Tharaud, le pianiste. Soit une longue garde à vue ou plutôt une « garde à ouïe », entre homme et piano, lesquels s’interrogent, se confrontent, se jaugent, se jugent. On y évoque la vie du pianiste comme elle va (concerts, hôtels, aéroports), et la vie du piano comme elle est (les gammes de l’enfance aux doigts rongés jusqu’au sang.) Alexandre Tharaud est à la fois danseur (il a eu une mère professeure de danse), comédien (avec quelles prestance et justesse), diseur, « introspecteur », inquisiteur, passeur à tabac. Et quel fabuleux pianiste !

 

Tharaud, on le sait, aime le piano sans limites. N’en possédant point (ni de limites ni de piano, il travaille chez les autres), il a joué Bach au centre de la piste dans Récital équestre, de Bartabas, en 2006. S’est produit en février avec le comédien François Morel et la chanteuse Juliette dans un spectacle intitulé Erik Satie, a chanté Barbara accompagné par Bénabar…

 

Quand à l’iconoclaste et très beethovénien Rebotier, il a envoyé depuis 1982 – dans la vraie vie -des centaines de lettres de tous les pays du monde à l’adresse de Luis, Luigi ou Ludwig Beethoven et collectionne les enveloppes qui lui reviennent. Toujours pas de réponse à ce jour de l’intéressé qui se prononce dans ce spectacle Bétove.

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Marie-Aude Roux
(20 novembre 2009)

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