Quelques animaux

de tranport & de compagnie

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LE MARTINET

Le martinet est d'un commerce net et agréable. Il sifflote gaiement en s'abattant sur les fesses, dont les propriétaires démarrent au quart de tour (sauf si enchainé(e)s). On peut aller assez loin dans cette direction d'où économie de carburant.

 

Extrait

L'AVION

L’avion roule lentement sur terrain lourd et plat, perché haut sur ses hautes pattes de devant. Il sert communément de transport en commun, effectuant des passages lourds et plats, tournant en tous sens, haut et lent sur ses lentes roues de devant. C’est un moyen de transport empesé, mais fiable (pour de courtes distances). Il peut embarquer jusqu’à cent-soixante parasites. 
Lorsqu’il trouve une ligne droite, il peut être saisi d’une envie de pousser une pointe et se met à foncer droit devant lui. Comme mon chat. Quelles mouches l’ont piqué ? Il se grise alors de vitesse, échappant à tout contrôle, jusqu’au point de ne plus adhérer au sol. 
Si l’on veut garder un avion, il faut éviter de le mettre en contact avec des lignes droites.

 

LA GIRAFE

La girafe est un animal métaphysique, en ce sens qu’il se tient haut au-dessus de la physique. Ainsi l’araignée. Toutes deux ont un très long cou, mais la girafe a son cou loin sorti du corps. L’araignée, absolument pas. 
La girafe est un quadrupède. Un cou égale à peu près une patte (sur le plan métaphysique, s’entend.) Elle s’agenouille pour boire, pour copuler, pour pisser, pour s’agenouiller. Dont acte.
On peut monter le long de son cou, mais on glisse.

 

LE BICYCLE

Le bicycle est un moyen de transport en individu et commun. Il faut le voir venir qu’à son fil, qu’il invente à mesure, comme l’escargot. (Hors le tempo.) De roue en rue et de rue en route, le bicycle a vite fait le tour de tout. Aussi, tôt il arrive, droit sur les courbes. Le vélo a bien su se faire des amis, mais il est impossible à ranger.

NB. Au cours de sa période de contraction, l’homme a été contraint de se mettre à la bicyclette, qui est le petit du bicycle.

 

LE KANGOUROU

Le kangourou bondit en tous sens et s’épuise assez vite, comme le kangourou. Il est tellement vidé que des poches lui viennent très bas sous les yeux, très très bas. Le kangourou est d’une compagnie fatigante et primesautière. Les compagnies de kangourous sont d’un transport rapide mais imprévisible. Il n’est pas aisé de voyager dans sa poche ventro-marsupiale, car elle est souvent occupée.

 

LA LAMPE DE BUREAU

Mieux vaut ne pas faire appel aux lampes de bureau si l’on veut voyager vivant ! Les lampes chauffent et n’avancent pas. 
Les lampes de bureau sont facilement rondes et de compagnie avantageuse. Elles pètent apparemment le feu, se posent volontiers sur les tables. Mais comme moyen de transport, elles sont d’un transport moyen, et même nul. 
Ne partez pas sur Lampe-de-bureau ! On fond entièrement, et on n’a pas bougé d’un centimètre.

 

Texte : Jacques Rebotier

Bidulogravures : Virgnie Rochetti

ISBN 2-913886-45-0