Le désordre des langages 1, 2 & 3

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Le désordre des langages 1, 2 & 3

 

I

1. Désordre des langages

2. Le mot foudre

 

Indéchiffrables, nos écritures ? (toiles, livres, musiques...)

Comme ces mouvements désordonnés qu'au coin d'une rue fait soudain un passant ;

gestes illisibles à qui n'a pas vu la séquence précédente,

à qui ne voit pas qu'il cherche à recouvrer un équilibe un instant menacé.

1998 / ISBN 2-912464-11-0

 

II

3. Ce qui parle, c'est le corps (social)

4. Public agité, mais très beau

 

Ces termes de marine que les premiers machinistes ont importés au théâtre.

La scène comme bateau. Donc aussi : la salle, comme océan.

Le public : des milliers de vagues, toutes identiques, toutes différentes.

Temps calme, puis variable. Les mouvements de fond, et de masse.

Forte houle de foule ; force 2 ou 3, ou 6. Public agité, mais très beau.

1998 / ISBN 2-912464-25-0

 

III

5. (Voir plus haut)

6. Du Kosovo et de ses collatéraux

 

Chic, chic, chic, le monde est liquide. Liquidez ! Liquidez ! Liquidation !

Liquidation générale ! Le funambule parfait est un qui marche sur les pieds : la chasse à la marée est commencée.

 

(Voir plus haut) est aussi le texte et le journal de bord d'un spectacle commandé par le

Centre national des arts du cirque et mis en scène par Jacques Rebotier.

1999 / ISBN 2-912464-52-8

 

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presse

De la jouissance des mandibules

 

« Iconoclaste et irrévérencieux, Jacques Rebotier, élève turbulent, voire un tantinet agaçant, frise l'insolence. Avec ses trois tomes du Désordre des langages, il redéfinit et éclaire les mots de la langue française. Bric à brac où se côtoient faux et contrefaçons, ces livres étranges instaurent un rapport intime aux mots et à la dialectique par quelques aphorismes bien sentis et sentences lâchées au petit bonheur. L'auteur s'érige comme le sauveur de nos langues étourdies et incultes, et nous donne, pour ainsi dire, le mode d'emploi des mots qu'elles emploient, nos très chères langues, à tort et à travers sans prendre conscience de leur sens.

 

Jacques Rebotier établit une curieuse cartographie plurielle qui, à la première lecture, laisse perplexe. Ouvrir à n'importe quelle page, se laisser porter par sa curiosité, ne pas prendre le lecteur par la main, tel est le parcours libre et inventif auquel il nous invite. Cette liberté de ton offre à ce petit dictionnaire ambulant un ludisme peu commun.

 

Il est des livres à lire en se promenant dans un jardin peuplé d'enfants, Le désordre des langages I, II, III sont de ceux-là. Il s'agit réellement du même émerveillement que celui de prendre le temps de regarder quelques têtes blondes infantiles et insouciantes au milieu des allées, enfants toujours en train d'expérimenter leurs corps, tenter de nouvelles postures, de nouveaux jeux. Nourri par la vie elle-même, Jacques Rebotier dans ses petits carnets s'étonne d'un mot, d'un simple mot, d'un simple et bête mot, de son emploi, de son édification dans l'air, de sa consistance, et analyse toutes les inférences de ces lettres pour finalement célébrer l'habileté de l'acteur.

Jacques Rebotier aime à redonner vie aux mots et les rend à proprement parler vivant. Il les bichonne. Son travail d'orfèvre, d'horloger, en ce sens où il remonte la chaîne du temps et retrouve les origines de nos mots morts et enterrés pour ce qui est de leur forme et de leur goût, prend tout son sens quand il évoque le théâtre et son univers hiérarchique. Postes par postes, du metteur en scène à l'acteur et autres techniciens au service de ces langues gonflées, pleines à craquer de maux, il dépeint un petit monde de marionnettes où règnent les mots, la voix, l'or, terme cher à Alain Astruc, ce grand homme de théâtre.

 

Le désordre des langages I, II, III : un agréable jeu de pistes, vain et sans surprise pour les uns, riche et inépuisable pour les autres. Une chose est sûre, Jacques Rebotier, loufoque et insatiable, est un homme lucide sur ce qui régit notre monde et les aléas de la vie des planches. Ces trois petits livres incongrus et salvateurs dans toutes bibliothèques où le théâtre trouve sa place, s'inscrivent dans la droite lignée de Théâtre de bouche de Gherasim Luca, et du travail de Raymond Queneau, du moins dans la sensitivité des mots, dans leur acception dans le langage courant, dans leur emboîtement les uns dans les autres, dans cette recherche d'une expansion des mots au-delà de la place que l'on veut bien leur accorder.

 

Le charme de tout cet enfantillage, de tout ce désordre de langues bien pendues réside dans l'humour, quasi puéril, adopté par l'auteur. Dans la lumineuse naïveté de feuillets aussi bien destiné aux petits qu'aux grands, dans cet émerveillement permanent de la langue, de la jouissance des mandibules trop souvent condamnées à mâcher des mots sans saveur. Au premier abord, sans queue ni tête, Le désordre des langages I, II, III, engagés dans la quête du sens, se parent d'une indécente simplicité et nous réconcilient avec les mots que tout un pan du théâtre souhaiterait évincer. » 

 

 

Philippe Beer-Gabe pour Sitarmag.com (mai 2002)

édition Les Solitaires Intempestifs - 1998/99